Difficile de ne pas être déçus par les réflexions simplistes d'un certain nombre de citoyens. Entre les « n'y a qu'à », les invectives grossières et les prises de positions absurdes, dans l'espoir de faire renaître le passé, il n'y a que l'embarras du choix. Comme s'il fut possible de ressusciter la dynastie des pharaons ou de rendre une existence à Pompéi. L'Univers accélère son expansion et notre planète la sienne. À l'homme de suivre ou de disparaître. Les tergiversations sont risibles et la terre se moque de nos jérémiades. Tels des héros de cartes postales moulinant dans un vide politique intersidéral, la plupart des majorités gouvernementales, sont incapables d'œuvrer au nom du peuple pour le bien public. Ils cherchent, avant tout, à exister à travers un pouvoir légitime avec le dessein de faire carrière en arrachant des miettes de privilèges à leurs hiérarchies pour se constituer un pactole et pouvoir construire une vieillesse heureuse.
Le citoyen, quoi qu'il en soit, n'est qu'un tremplin au service de leurs ambitions et participe activement à leur ascension par son travail. Ils sont, bien entendu, certains de mériter ce vers quoi ils tendent. Au dindon de la farce, il ne restera que les yeux pour pleurer le jour où il découvrira la supercherie. Pour plaire aux électeurs, ils n'hésitent pas à cumuler mensonges, promesses ou demi-vérités sans, toutefois, faire l'effort d'expliquer ou de faire comprendre le pourquoi du comment à leurs concitoyens déboussolés. Une part toujours plus importante de la population vit dans l'ignorance. Ce manquement à une pédagogie élémentaire favorise la spéculation, fait le lit du pessimisme et suscite rejet et méfiance.
L'Homme a besoin de savoir et c'est en parlant le langage de la vérité qu'une confiance peut s'établir. Sans confiance toute action est vouée à l'échec. Que certains gouvernements ne puissent le comprendre rendent leurs intentions précaires, inefficaces ou sans effet. Des décennies d'indifférence, de politique chaotique et de mépris envers une main-d'œuvre importée du Maghreb pour les besoins de la construction et tout aussi indispensable à l'industrie automobile ont, hélas, donné naissance à des quartiers réservés prioritairement, aux ressortissants du continent africain, facilitant ainsi la naissance d'un communautarisme sournois. Un communautarisme qui, tôt ou tard, finirait par se transformer en révolte aux conséquences imprévisibles.
Cet état de fait a engendré une population de seconde zone, livrée à elle-même où le maître- mot fut la « débrouille ». Une partie de la jeunesse, par manque de structures, mal encadrée, sans réelles perspectives ou privée de l'essentiel, avait le choix entre le trafic illicite, la délinquance ou le chômage. Dans certains quartiers, abandonnés des services publics où même les postes de police jouaient aux abonnés absents, la situation ne pouvait que se détériorer. Ces quartiers voués à l'oubli ne représentaient, pour le gouvernement, qu'un réservoir de voix utiles en période d'élections. Chacune de ces périodes comportait son lot de promesses jamais tenues.
En contrepartie le pouvoir fermait les yeux, la conscience tranquille, sur le trafic de drogue et la petite délinquance. Le pays des droits de l'homme, au verbe haut, n'est pas dépourvu de « savoir-faire » en matière de critique envers les pays qui n'appliqueraient pas ses théories humanistes, mais il traite, par contre, ses propres citoyens avec une coupable désinvolture. Le laisser faire durant des dizaines d'années a mis l'injustice à portée de révolte, créant des sentiments de mépris pour tout ce qui touche la politique. Les responsables au sommet de l'État ont creusé leurs tombes par incapacité viscérale de se mettre à la place du citoyen, dont ils se sont détournés. Rattraper le temps perdu, corriger l'image de guignol que l'opinion à de ses politiques ne sera pas une mince affaire. La France se dit non raciste, mais en réalité elle l'est, comme chacun des pays de la planète. Être un Français avec des cheveux crépus et la peau basanée n'est pas un blanc seing assurant la liberté de circuler. La discrimination se révèle à chaque coin de rue.
L'indifférence témoignée par les pays occidentaux à l'égard des réfugiés fuyant les zones de guerre, conflits dont nous sommes responsables, est effarante. Laisser des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants se noyer en méditerranée, est une calamité dont le prix à payer sera à la hauteur du désastre. Ceux qui sont considérés comme des « sauvages » en Afrique, Asie ou ailleurs témoignent d'une plus grande humanité que l'Occident pourri par la concussion et la rapacité qui se construit sur le dos des affamés. Savoir, combien de milliardaires peuplent la planète, n'est que « bull shit » - il serait plus judicieux de connaître le nombre de pauvres qui hantent la terre à la recherche de décence. Spolier les miséreux pour satisfaire des caprices de millionnaires confine au cynisme le plus crasse.
Un peu partout, la peste brune renaît de ses cendres et considère les immigrés comme des sous-hommes dont il faut préserver le continent bien-pensant. Ce début du vingt et unième siècle, à voir le comportement irresponsable de l'homme, toujours dans son rôle de prédateur à l'affût de l'inutile, pourrait bien être annonciateur de cette Troisième guerre mondiale qui se dessine dans l'esprit de quelques analystes avertis. L'Homme, suicidaire centré sur lui-même passe à côté de son existence. En ignorant la main tendue des sacrifiés, il scelle son destin. Un destin de scorpion.
Comme dit un vieux dicton grec de l'antiquité : « Cultive ta mémoire, c'est le champ où l'expérience dépose les germes de la sagesse ».
NB.- Il fut un temps où l'homme se déplaçait librement, sans papiers et sans la crainte de commettre un forfait en franchissant illégalement une frontière. La frontière, en tant que fait de l’homme, n’existait pas dans la réalité. Il n'y avait pas de maréchaussée, ni de soldats en faction mitraillette à l’épaule pour défendre des tribus ou des ethnies contre d’éventuels intrus. Ces temps lointains et bénis des astres où l'homme, captivé par son environnement, étonné de tout, fut capable de se mesurer avec honneur et considération aux événements hostiles. La terre, elle, rouage de l’univers, magnanime et généreuse n’avait que faire de problèmes fonciers ou d’attributions immobilières. Elle ne fit qu'observer l'homme étendre avec brutalité et sans pitié sa domination sur une partie de ses congénères.
Elle en fut navrée, mais n'en cessa pour autant d'offrir son hospitalité, sans contrepartie, au voyageur sans bagage. Tour à tour mère nourricière, terrain de jeu ou habitat, elle continua avec ingéniosité, à distribuer ses largesses au savoir et à nourrir la faim du pèlerin. Ce fut le temps où le visiteur, troubadour au long cours, prélevait tout au long de sa route lors de ses déplacements sans trêves, ce qui lui fut nécessaire pour subsister. Il ne manqua jamais de remercier les dieux pour leur charité et leur témoigna respect et reconnaissance, chaque fois qu’il accepta leurs bienfaits. Sa curiosité viscérale le destina à franchir plaines et monts pour identifier ce que masquaient les montagnes, les cours d’eau avec, en même temps, le secret espoir de rallier le côté invisible de cet horizon qui sembla le défier. Ses pérégrinations furent le fruit intangible d'un désir de confrontation avec les mystères de la lumière, de la soif de connaissances et de la rosée des petits matins. Sa curiosité incommensurable l’incita à confier son être au chant et au parfum de ce qui est. Tel fut l'odyssée de l'homme sage qui se donna le temps de vivre son temps à la découverte de lui-même....
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